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Comment les civilisations anciennes pensaient-elles l’énergie et quel en est notre héritage ? Les origines du mot « énergie » sont indissociables de la philosophie et de la littérature : le mot grec energeia, la « force en action », bien différent de la « force en puissance » (dynamis) et du « mouvement » (kinésis), est un concept fondamental de la philosophie aristotélicienne. Le latin classique a toujours gardé ces propres mots (vis, robur) pour exprimer la « force », energia n’étant qu’un calque du grec, utilisé dans le sillage d’Aristote. De fait, ce n’est qu’à l’époque moderne que le mot a été banalisé en latin et qu’il a été emprunté en français pour désigner d’abord la « puissance d’action » et, sous l’influence de l’anglais du début du XIXe siècle, la notion scientifique.
Lors de cette table ronde, on parlera d’Aristote et des implications ontologiques (puissance et acte), physiques (définition du mouvement) et rhétoriques (force du discours) de son energeia. On s’intéressera à la réception latine de cette pensée aristotélicienne ainsi qu’aux changements sémantiques du mot à l’époque moderne et contemporaine (en linguistique, philosophie et sciences). Pour mieux saisir la particularité de l’histoire occidentale du terme, on le comparera au domaine sino-japonais, en introduisant les mots et les idées correspondantes mais différentes, formulées dans l’Extrême Orient. Une place centrale sera faite au bouddhisme et à ses conceptions d’énergie psychologique et cosmologique, qui nous amèneront jusqu’en Inde et aux interprétations et réinterprétations actuelles des énergies des Anciens.