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Avant d’être l’un des plus grands défis du monde industriel, puis du monde contemporain soumis au changement climatique, l’énergie est un mot dont les racines plongent dans la langue mycénienne et la langue grecque. Ces racines irriguent l’élévation de l’énergie, pour la première fois de son histoire, à la dignité d’un concept dans la philosophie d’Aristote où l’energeia devient l’opposée de la puissance (dunamis) et l’état caractéristique et continuel du divin. Dans le Nouveau Testament, pourtant, c’est le même mot, energeia, qui désigne la toute-puissance de Dieu, sa suprême efficacité, ou celle du Diable. On voit donc que dès les premiers temps de son histoire, le concept d’énergie entretient avec l’idée de puissance un rapport ambivalent : tantôt il s’oppose directement à elle, tantôt il en est un pur synonyme. Aujourd’hui, envisagée de façon générale, l’énergie est une puissance, un réservoir de possibilités et d’actions dans lequel nous puisons. Mais que nous disent plus particulièrement les systèmes chimiques et biologiques de cette ambivalence ? Nous nous demanderons quelles résonances ont encore cette question et ces concepts philosophiques pour le chimiste contemporain.